Les amis du Fort-Médoc

L’association des Amis du Fort Médoc s’investit dans la conception et la réalisation d’un musée d’histoire et de traditions locales.
Après des mini-expositions temporaires, elle présente actuellement dans la salle des « cuisines des soldats » une préfiguration des thèmes qu’elle entend développer à partir de textes et d’iconographie.

POURQUOI

Nous assistons depuis la dernière guerre mondiale à une accélération des changements techniques et sociaux entraînant la fin de certains modes de vie qui paraissaient immuables. La conséquence en est la disparition des savoirs artisanaux, la rupture des solidarités traditionnelles, la désintégration des particularismes qui fondaient une certaine identité collective confrontée entre autres à l’arrivée massive de nouveaux résidants sans ancrage endogène particulier.

LES ATTENTES

Il s’agit en premier lieu d’éviter toute coupure temporelle, de relier notre modernité plus ou moins maîtrisée aux actions et pensées d’hier, en donnant des repères par delà le présent, pour rendre compréhensible le passage d’un état à un autre.
Il faut ensuite prendre conscience, sans tomber dans un conservatisme passéiste, qu’une rupture de civilisation s’est produite et que la seule évidence sensible qui nous reste réside toute entière dans les objets. Par leur truchement une population dispose d’un miroir reflétant le territoire auquel elle est attachée et facilitant la rencontre des générations précédentes, dans leurs sensibilités, leurs pensées, leurs réalisations.

UNE MOBILISATION

Le musée est apparu à l’Association comme un moyen d’étayer une vitalité certaine et une certaine identité de notre commune, pour participer à la constitution d’une relation sociale et citoyenne et pour réfléchir sur le fait anthropologique que nous ne sommes jamais un pur commencement, que l’on n’existe que par le biais d’héritages divers qui seront à leur tour remodelés par les futures générations.

COMMENT

Un effort est demandé à la population pour enrichir nos réserves par des dons ou des prêts – dépôts d’objets ou de documents relatifs à la vie du village surtout dans les 150 ans qui nous ont précédés.
Sa réalisation dépend aussi de la volonté politique et de la participation financière d’un certain nombre d’institutions ou d’administrations grâce auxquelles une bonne restitution scénographique dans des locaux permanents correctement aménagés sera envisageable.
Cet effort est sous tendu par des enquêtes orales et des recherches d’archives.

SON CONTENU

Un patrimoine de ce type appartient à tous et à personne. Il comprend les modes spécifiques d’existence matérielle et d’organisation sociale des groupes qui les ont promus, leurs savoirs, leur représentation du monde et de façon générale, les éléments qui fondent l’identité de chaque groupe social et sa façon de se différencier des autres.
Dans ce cadre sont manifestes, pour autant que les objets s’y prêtent, les moyens et les façons de se nourrir, de se vêtir, de s’abriter, de communiquer, de prier, de commander, de s’instruire, sans oublier le foncier, l’environnement, les savoir-faire. Il s’agit d’y privilégier le banal, l’habituel, le coutumier au détriment de l’événementiel ou du sensationnel, de donner leur place aux éléments les plus modestes : la maison du vigneron, le carreau de la dentellière, l’atelier du charron, du bourrelier ou le tour de main du menuisier, les machines et outils devenus obsolètes et jusqu’aux fêtes, à la sociabilité religieuse ou à celle des conscrits.

EN CONCLUSION

Au-delà du travail de conservation et de présentation exigé la conception et la réalisation d’un tel Musée, au-delà du travail de mémoire qu’il met en œuvre, devrait permettre, à son échelle, un mieux vivre en élevant chacun – mort comme vivant - à la dignité de ses traces, de ses savoirs et d’un partage contre tous les enfermements, les mutismes et les exclusions.